Le concert rouge  1946

Les musiciens ont davantage l’air de notes sur une partition que d’êtres humains.

Exemple de la « peinture tonale » de Dufy où une seule couleur domine dans chaque tableau.

Tableau loin du réalisme parfait qui caractérise « l’orchestre au théâtre du Havre » peint à ses débuts en 1902.

 

 

La console jaune  1947

Console de l’appartement de la rue de l’Ange à Perpignan.

Dufy aime les courbes baroques de ce meuble.

Langage réduit à l’essentiel dans cette période dite unitonale où l’art de Dufy se rapproche de celui de Matisse.

Plus que la console, c’est la couleur jaune qui est le sujet du tableau.

 

 

 

Le violon rouge  1948

Le violon évoque la fusion du musicien avec son instrument, du peintre avec son tableau.

Dépouillement expressif : manche rabattu, cordes supprimées, arrondi en avant et bien inscrit sur la blancheur immaculée d’une partition sans notes.

Composition centrée, vue plongeante, lignes rigoureuses de cette image minimale.

Ce tableau est la quintessence du thème musical exploré toute sa vie.

Dépouillement du dessin absolu et effet d’intensité obtenu avec une grande simplicité de moyens.

 

Carnaval de Nice  1948

Dufy reprend avec cette aquarelle le thème ancien du carnaval à Nice.

Il s’agit d’une apparition fantastique car les constructions du casino de la jetée ont disparu depuis longtemps.

Dufy a écrit : « L’aquarelle est un moyen de peindre à peine matériel car les passages entre les couleurs se forment d’eux-mêmes par le blanc du papier »

 

 

Coupe de fruits  1948

Ce compotier peint sur une console est  une symphonie de couleurs mais surtout de lumière puisque «  la lumière est l’âme de la couleur »

Tenté par la monochromie Dufy réduit ses gammes et libère l’intensité vibratoire de ses tons.

Ces pêches jaunes sur un fond rouge offrent à note œil une jouissance à l’état pur »

 

 

Le grand concert  1948

La salle est représentée dans tous ses détails. Une couleur blonde rougeoyante unifie l’espace et sert de fond à l’annotation ordonnée des personnages.

Au premier plan les musiciens et leurs instruments sont décrits avec précision.

Au fond les spectateurs sont figurés plus schématiquement.

Le chef d’orchestre est saisi dans une attitude suggestive et la silhouette de la pianiste frémit comme une petite flamme blanche.

La musique soulève l’orchestre et le fait ondoyer comme une fête marine.

Mer et musique sont les deux amours qui ont bercé la vie de l’artiste 

 

Le concert jaune  1948

Les musiciens sont saisis dans leur mouvement précis et élégant. Le public forme un bloc homogène rythmé par la cadence des têtes symétriquement ordonnées.

Plus réalistes que les grands orchestres traités dans la masse, ces quintettes donnent la possibilité à l’artiste de s’arrêter sur les individus, de composer sur le dialogue entre corps et instruments, soulignant sans la figer la petite chorégraphie du jeu souple et nuancé.

 

 

Fleurs  1948

Dufy  a toujours eu une tendresse particulière pour les fleurs.

Pour les traduire en couleurs il trouve la touche qui caractérise le mieux leur masse.

Il a illustré un texte de Colette qui disait de lui : « Il a la tache péremptoire »

 

 

 

Course de taureaux ou la corrida  1949

Lors de son voyage en Espagne en 1948 Dufy apprécie l’émotion de la corrida.

Tache obscure au milieu du tableau ( cf cargo noir ) là où d’habitude le peintre place l’évènement.

L’arène en une vue plongeante est peinte en noir tandis que la forme du taureau est incisée comme sur une poterie grecque, ou gravé sur le mur d’une grotte préhistorique.

La forme du taureau est un signe puissant par sa simplicité, menaçant par son immobilité compacte, dense par sa précision emblématique.

Le taureau voué à la mort devient une figure dramatique et fatale.

Dufy aime trop la vie pour cultiver les idées morbides : c’est une sorte d’exorcisme qu’il met en scène.

A propos du noir, Dufy dit un jour : « Le soleil à son zénith est noir ; il nous aveugle et on ne voit plus rien »

Les personnages ne sont guère rien de plus qu’un simple coup de pinceau auquel on a ajouté quelques touches noires.

La scène semble immobile, la seule sensation de mouvement provient des arbres dénudés, à droite.

 

 

Console jaune au violon  1949

On voit cette console Louis XIV dans de nombreux tableaux de Dufy.

Palette de couleur simplifiée à deux ou trois teintes.

Tableau gai alors qu’il souffrait constamment de crises d’arthrite.

Les motifs de la feuille de papier complètent les formes de la console richement ciselée et fournit un élément de réalisme au tableau. On a l’impression qu’elle a été retirée d’un livre de musique pour être ajoutée au tableau comme un collage.

 

 

 

Dépiquage au ciel bleu  1949

Dufy aimait la campagne française.

Contraste entre les meules de foin d’un jaune verdâtre et le ciel bleu plombé.

Les paysans se hâtent d’engranger la moisson avant l’orage.

Allure dynamique rehaussée par les ronds de fumée et le mouvement circulaire de la roue.

Dufy peint avec de larges taches de couleur et esquissent les formes au-delà de ces taches au moyen de trais noirs.

 

 

L’atelier de l’artiste ( avec le cargo noir ) 1949

C’est l’atelier de la rue de l’Ange à Perpignan. Atelier vaste et lumineux.

La vue des maisons à travers la fenêtre entre dans la pièce, s’inscrivant sur le bois du chambranle tandis que la console jaune, objet de prédilection du moment, s’éloigne dans la profondeur de la pièce contigüe.

Le bric à brac des ateliers précédents a disparu pour mettre en évidence deux formes : la statue et le chevalet.

La statue ( la Frileuse ) aux courbes tendres domine en maîtresse absolue.

La toile sur le chevalet n’est qu’une ébauche du cargo noir sans tonalité dramatique. Dans cet intérieur sage et précis il fonctionne comme une invitation au voyage.

 

 

Port de pêche à Boston  1950

Dufy trouve dans le port de Boston les voiliers et les mouettes qui ont enchanté sa jeunesse.

Mais il saisit aussi dans cette aquarelle l’atmosphère plus renfermée et mélancolique d’une cité nordique.

Il venait de sortir de l’hopital où il fut l’un des premiers à subir un traitement à la cortisone.

 

 

 

Impasse de Guelma  1952

Image épurée, dépouillée de toute présence, hormis celle de la toile préférée du violon rouge.

Commencée en 1935, achevée en 1952.

Parois transparentes baignées de bleu : couleur supérieure qui est la seule à rester elle-même quelle que soit son intensité.

 

 

Hommage à Claude Debussy  1952

Les touches noires du clavier sont bien visibles au centre de la toile.

Une grande partition avec en évidence le nom du compositeur. Un tableau représentant un bouquet.

C’est un dialogue entre musique et peinture que l’on retrouve dans plusieurs hommages peints à la fin de sa vie.

L’architecture solide du piano forme une assise dure dans cette toile où abondent les courbes souples des fleurs.

Les fleurs de la tapisserie se détachent du mur et envahissent l’espace.

La transparence de l’ensemble exprime la présence immatérielle de la musique.

 

 

Le cargo noir  1952

Importance théâtrale accordée à la silhouette du bateau.

Autour, comme des citations, quelques aspects du port de Sainte-Adresse, une plage avec des baigneurs.

Le bateau est ancré au milieu d’une coulée de noir et est la figure archétype du départ. Importance de la symbolique du voyage dans l’œuvre de Dufy.

Le voyage suggéré ne peut être que le dernier voyage.

Autour du bateau, les références à son œuvre sont des pensées effleurées par une mémoire nostalgique.

 

 

Bouquet champêtre  1953

Pendant toute sa vie, Dufy a peint des fleurs.

Ses versions à l’aquarelle, technique plus facile pour un malade, sont la consolation de ses dernières années.

La couleur lumineuse dont Dufy est dépositaire se répand sur le  papier comme une couleur magique.

Tandis que les lignes dansent autour des taches afin de les cerner, celles-ci se fixent en nous imprégnant de bonheur.

Anémones  1953

Les anémones étaient les fleurs préférées de Dufy.

Tableau réalisé quelques jours avant sa mort.

L’absence de formalisme est trompeuse : composition en spirale qui s’élargit et s’enroule à partir d’une base tressée.

L’artiste élimine tout détail qui pourrait nuire à la couleur éclatante.

Arrière-plan mauve et vase sans trait marquant.

 

 

 

Au moment de conclure je ne puis résister au plaisir de vous offrir de la part de Dufy quelques merveilleux bouquets

 

 

 

Dépiquage aux javelles  1945

 

Tableau réalisé à partir de notes prises en 1943 lors de son séjour chez les Dorgeles à Haute-Garonne à Montsaunes.

Symphonies en jaune, bleu, blanc et rouge où il retrouve pour glorifier la paille et le blé les accents de Van Gogh.

 

 

 

Dépiquage  1945

C’est l’été 1945 dans la Haute-Garonne qu’il découvre cette nature « faite pour lui ».

Ces thèmes : moisson, dépiquage, travaux des champs, tant par la couleur jaune, verte et bleue que par la rapidité gestuelle du trait semblent un hommage à Van Gogh.

Dufy, homme de la mer, contraint aux climats secs de l’intérieur se plaît à décrire les machines et les corps des paysans.

La joyeuse blondeur de la paille éclaire la composition.

Dufy s’est penché avec passion sur les activités humaines, des plus nobles jusqu’aux plus humbles.

Faites à l’atelier, ces toiles sont pour le  peintre contraint à l’immobilité de véritables échappées de liberté.

 

Portrait de Nicolas Karjinsky  1942

Toute sa vie Dufy a peint des musiciens.

Il étudie, crayon à la main, la complicité qui lie l’instrumentiste à son instrument.

Il fréquentait assidûment les salles de concert, se plaçant de préférence derrière les musiciens.

Il a bien saisi la forme du violoncelle que le musicien tient tout près de lui, ses doigts pressent les cordes avec une intensité attentive à la beauté du son.

Au fond les gerbes de blé de la tapisserie de Collioure forment une auréole autour du visage transfiguré du musicien saisi dans le feu de son interprétation.

 

 

 

Le grand arbre à Sainte Maxime  1942

Thème romantique du grand arbre isolé dominant un paysage.

Dufy : « On est forcé de peindre avec en interposition ce qui est déjà peint. Il faut arriver à la quintessence »

Aisance de Dufy dans le rendu de l’espace, dans cette atmosphère du soir où le bleu du ciel s’assombrit pour signaler l’approche d’une nuit sans tristesse.

Fidélité marquée à Van Gogh dont Dufy conservait toujours avec lui des dessins en reproduction.

 

Le Moulin de la Galette d’après Renoir  1943

Dufy admirait ce tableau car il représentait à ses yeux le Paris qu’il avait connu au début du siècle.

Différences avec Renoir :

Les personnages dégagent une clarté plus directe.

Polychromie simplifiée

Tons poussés à l’extrême

 

 

Le Dimanche  1943

Dufy avait une préférence pour ce tableau.

On y retrouve les caractéristiques de son style :

Division tripartite, soleil, nuage et pluie, arc en ciel

Echelle des personnages donnée non par leur éloignement mais par leur importance

Rythme des pigeons voletant au premier plan

 

 

L’atelier à Vence  1945

Ce tableau pourrait être intitulé « Harmonie en rouge et en bleu ».

Les nus de Dufy sont d’habitude des créatures vigoureuses et bien en chair qui dominent la composition. Ce modèle a une silhouette belle et élancée. Corps dessiné de façon naturiste mais visage sans traits particuliers.

Elle s’évanouit dans le rouge dominant et paraît une partie animée d’une sculpture plutôt qu’un être vivant.

 

Bouquet de roses  1940

L’aquarelle est le plus exigeant des médias car elle ne peut être corrigée.

Il disait « Les transitions entre les couleurs se font presque toutes seules grâce au blanc du papier »

Il était familier de tout ce qui concerne la botanique.

Colette définissait Dufy : « Une tâche de couleur absolue »

Ici il choisit les couleurs pour créer des  nuances subtiles.

 

 

 

Le pur sang  1940

Accent mis sur les nuances subtiles de vert.

Le cheval et le jockey sont peints de façon naturelle.

Les hommes sont habillés avec élégance

 

Nature morte  1941

Ce tableau est une invitation à déjeuner en plein air.

Sensation de légèreté, de rapidité et de grâce.

Juxtaposition de l’énorme bouteille de vin et du fauteuil minuscule.

L’utilisation de larges tâches de couleur et de traits moins précis donne de la vitalité.

Aquarelle peinte en 1941 quand Dufy souffrant d’affreuses crises d’arthrite avait cherché refuge contre l’envahisseur dans le Midi.

 

 

Atelier aux raisins  1942

Atelier de la rue Jeanne d’Arc à Perpignan.

Grande pièce baignée d’une lumière dorée.

Au mur lithographie de la Grande Baigneuse.

Un plâtre (la Frileuse) tient lieu de modèle vivant.

Sur le chevalet l’esquisse d’un violon évoque le travail de l’artiste.

L’atmosphère de la petite ville entre par la fenêtre latérale.

 

La fée électricité (détail)  1937

Pour célébrer l’électricité qui a changé la vie de l’humanité Dufy peint un Panthéon féérique en l’honneur du progrès.

La foule de transparents rangés au bas du tableau raconte une légende.

La justesse et le naturel des attitudes rappellent combien Dufy a observé et dessiné les êtres humains.

Reportage suggestif mais sans emphase.

Dufy a peuplé l’espace avec ses thèmes à lui travaillés pendant des années.

La plus grande peinture de l’histoire de la peinture.

La fée électricité (détail)  1937

Dufy chante l’électricité comme un bien familier, un miracle du quotidien.

Pour lui, l’électricité est une magie apprivoisée, parfaitement intégrée à notre bonheur.

 

 

La fée électricité (détail)  1937

Immense peinture murale de 10,50 m sur 61 m en 250 panneaux.

Exposée au pavillon de la Compagnie Française d’Electricité de l’Exposition Internationale de Paris en 1937.

Les dynamos sont entourées de la masse des gens bénéficiaires de l’invention.

Au-dessus, les chercheurs et ingénieurs qui firent les principales découvertes.

Obligé de traiter simultanément le passé et le présent il distingue le passé dans la partie supérieure et le présent dans la partie inférieure.

L’espace central vertical réunit les deux plans.

 

Venise  Piazetta San Marco  1938

Venise, où la pierre et l’eau se mêlent était prédestinée au pinceau de Dufy.

Les détails des ogives, des fenêtres, des balcons et des coupoles ne lui échappent pas.

Sur la blancheur de marbre des places se reflètent les lueurs d’un ciel changeant.

 

 

Amphitrite  1936

Il ne s’agit pas d’un tableau mais d’une tapisserie d’Aubusson.

Dufy est souvent revenu à la tapisserie qui lui permettait de donner libre cours à son goût pour le tissu et la décoration.

Luminosité, fluidité du trait, finesse de la couleur concourent à l’éloge de la mer.

Large bordure ponctuée de coquillages nacrés.

Mélange de motifs caractéristiques de lieux maritimes.

Au centre, maîtresse de ce monde aquatique, nudité tendre, sa coquille à la main : Amphitrite.

Figure souveraine mais douce elle étend sa bienveillance à toute l’œuvre et donne à la tapisserie l’intensité et le souffle d’un tableau

 

 

Le club nautique à Cowes  1936

Station balnéaire dans l’île de Wight, quartier général de l’escadre royale.

Dufy aimait les banquets réunissant des gens aisés qu’il observait à distance avec une légère ironie.

A cette époque Dufy aimait le jeu des couleurs insolites.

Il aimait également conjuguer les panoramas marins et les intérieurs.

Les trois personnages riches ont un air flegmatique et blasé.

La véranda élargit la composition d’un espace étroitement confiné à un vaste horizon.

 

 

Le port de New-York  1937

L’aquarelle est pour Dufy l’art des intentions.

Aucun dessin en noir et blanc ; il s’agit du rendu réfléchi d’une observation.

La peinture à l’eau avec ses couleurs lavée attire la curiosité et déclenche la rêverie.

Le port est pour lui un thème privilégié.

Des bateaux à vapeur traversent le port en dansant.

Au fond les gratte-ciel ont l’air de flotter.

Image éliptique et dense qui évoque l’empire de la navigation.

 

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Amphitrite  1936

Amphitrite est une déesse marine, fille de Nérée et femme de Poséidon.

D’habitude elle est assise soit sur un trône à côté de son mari, soit chevauchant avec lui, escortée de tritons et de néréides, dans un chariot tiré par des hippocampes ou d’autres créatures sous-marines imaginaires.

Dufy ne s’intéressait pas particulièrement à une version littérale d’un mythe ancien. Son Amphitrite est une jeune baigneuse potelée assise sur une serviette de bain tout à fait inhabituelle et portant un collier de perles tout aussi inaccoutumé.

Le cadre dans lequel elle se trouve est anachronique du point de vue mythologique.

Ce tableau est un condensé des visions et des phénomènes que Dufy préférait.

Chagall aussi incluait dans ses tableaux tardifs tous les motifs qui l’avaient inspiré.

Dufy a placé une minuscule palette en bas dans le coin gauche.

 

 

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