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Le concile œcuménique   1960


Le 24 janvier 1959 Jean XXIII annonça la convocation d'un concile. En bon opportuniste Dali entreprit de créer une oeuvree religieuse

Dans un décor représentant la côte de Port Lligat Dali peint un autoportrait. Il regarde le spectateur d'un air interrogateur le pinceau à la main devant son chevalet

Un peu au-dessus de Dali on remarque Gala en tenue plus que décolletée tenant une croix et ce qui est sans doute une bible

Elle est représentée flottant à mi-chemin entre son mari et le concile qui réunit le pape et les prélats

En haut du tableau un grand arc classique encadre la figure de Dieu le Père qui se voile étrangement la face

Ce nu masculin quoique sans sexe est inspiré par la figure du Christ dans le Jugement Dernier de Michel Ange

Il est flanqué des figures du Christ et du Saint Esprit

L'artiste ne chercha plus à  jouer les artistes religieux après cet essai. Il était pourtant très fier de ce tableau

Vie de Marie-Madeleine   1960


Les formes généreuses du corps de Marie-Madeleine surgissent des tourbillons nuageux d'un ciel d'orage

A l'époque où il peignit cette académie de la sainte Dali travaillait à plusieurs tableaux dans lesquels il utilisait des clous réels collés à la toile

Dali a peint le corps de Marie-Madeleine à partir de croquis faits d'après des modèles vivants



Sainte Anne et saint Jean  1960


Pour faire surgir ses  personnages Dali utilise avec justesse la couleur mais c'est surtout grâce à une sorte de calligraphie  que les personnages de sainte Anne et de saint Jean prennent vie

Traitement particulier du bélier aux pieds de la sainte

Il utilise la technique du tachisme

Dali "Plus l'image est subtile et plus la tache devient alors efficace"



Gala nue de dos   1960


Dali était attiré par le réalisme et le classicisme formel conçu dans un sens académique, voire même ultra-académique et conservateur contre toutes les avant-gardes de la peinture contemporaine

Pureté des lignes et élégance de ce portrait de Gala

Dali se réfère au nu classique de la Grande Baigneuse d'Ingres

Portrait de mon frère mort  1963


Dali qui peignit cette toile à 59 ans ne s'est jamais complètement débarassé de la hantise de n'être qu'un substitut de son frère aîné Salvador emporté à 22 mois par une gastro-entérite

Dali crut toujours ce frère plus aimé que lui et il écrivit que ses "parents désespérés … commirent le crime d'attribuer au nouveau Dali le même prénom que possédait le mort"

Vincent van Gogh avait connu un sort identique : Dali dote son frère d'une oreille à l'aspect sanguinolent

Double visage qui représente le frère mort et le frère vivant

"Les cerises foncées forment le visage de mon frère mort et les cerises éclairées par le soleil créent l'image du Salvador vivant"

Mais ce visage  ne ressemble ni à Dali ni à celui de l'enfant mort

En arrière-plan on retrouve une fois de plus les figures de l'Angélus de Millet

En bas du tableau des conquistadores aident Dali à écarter l'image de son  frère

Superposition de trames faites d'une multitude de points selon le procédé utilisé pour la reproduction mécanisée de magazines et journaux, le rassemblement de points créant des zones de sur-encrage

Hercule soulève la peau de la mer et arrête un instant Vénus faisant l'amour   1963


L'idée de montrer la surface de la mer comme une peau avait déjà été utilisée par le peintre

Il a trouvé l'idée en observant le bord tranchant d'un plan d'eau dans un aquarium de verre

Le contrôle de la coloration au-dessous de la surface de la mer demande une grande habileté

La représentation des formes rocheuses typiques de Port Lligat démontre la maîtrise de Dali en matière de paysagisme



Cinquante images abstraites qui vues à deux yards se changent en trois Lénine masqués en Chinois et qui vues à six yards apparaissent en tête de tigre royal   1963


Le titre long et affirmatif suffit pour décrire le tableau

Dali continua à s'intéresser aux images multiples et composites

L'assimilation de Lénine à un chinois reflète le fait qu'avant 1963 la version la plus menaçante du communisme que Dali détestait était pratiquée par les chinois

En nous disant que trois Lénine se déguisent en Chinois Dali insinue subtilement que le communisme n'était qu'une mascarade

Le tigre a l'air très déprimé et illustre l'échec du communisme dans le monde entier

La gare de Perpignan   1965


La gare de Perpignan était la gare la plus proche de Figueras

Ce tableau renvoie à l'Angélus de Millet qui l'obsédait depuis l'enfance

Les figures de l'homme et de la femme ne sont pas transformées comme si souvent dans les œuvres précédentes

En bas du tableau on observe Gala accroupie ce qui signifie que le couple de l'Angélus s'est mué en Dali et Gala dans l'imagination de l'artiste

Le sujet principal est la gare elle-même

C'est depuis la gare de Perpignan que Dali expédiait ses tableaux ce qui contribua à en faire pour lui un endroit de la plus haute importance

Il prit un jour un taxi et pria le chauffeur de tourner autour de la gare et il se mit à mesurer et à photographier chaque détail de la gare

"Une lumière semblable au feu, couleur jaune d'œuf et rouge doré, passait et repassait à travers l'édifice"

Au-delà de la brillante croix de Malte lumineuse paraît la tête du Christ avec la couronne d'épines

A gauche des personnages de l'Angélus portent un sac vers la brouetteet à droite ils se livrent à des ébats amoureux

Gala lève les yeux vers le personnage qui plane, vu par deux par en dessous comme le wagon de chemin de fer

L'accent de verticalité renforce la symétrie de la composition

La pêche au thon  1967


Le peintre se rappelle des récits que son père lui avait faits du violent spectacle de la pêche au thon

Son père lui avait montré une gravure d'un artiste suédois sur la pêche au thon.

Cette toile aux couleurs vives, voire criardes, présente une série de nus à la musculature très développée

Les corps tant masculins que féminins sont représentés dans des déhanchements impressionnants avec des fessiers exagérés

Ils sont tous inondés de rouge, ensanglantés dans la fureur du combat

La figure de gauche renvoie à la sculpture classique, le Lacoon, nom du prêtre qui recommande aux Troyens de ne pas accepter le cheval de bois offert par les Grecs

Il n'est pas écouté puis il est puni par les dieux qui envoient des serpents de mer l'étrangler avec ses deux fils

Ce tableau de 304cm sur 404cm fut acheté 280.000 dollars par Paul Ricard, le riche fabricant de boissons

Le Toréador hallucinogène   1970


Dali devait se pencher à un moment ou à un autre sur l'ancestrale tradition de la corrida, thème illustré par Goya et par son rival Picasso

Il y allait de temps en temps, assis ostensiblement à la meilleure place afin de jouir de l'effet produit par sa présence

Chez un marchand de fournitures pour artistes il remarqua une étiquette sur une boîte de crayons de la marque Vénus et il vit la forme de la Vénus de Milo émerger du motif de l'étiquette puis se couvrir d'un visage de torero

Couleurs inhabituellement vives ce qui est une allusion possible à une certaine culture psychédélique des années 1960 et en particulier aux drogues hallucinogènes comme le LSD d'où le titre du tableau

Les mouches qui bourdonnent autour de la Vénus évoquent un miracle qui se serait produit en 1285 à Gerone près de Figueras. Lors de l'invasion de la ville par les troupes françaises un essaim de mouches aurait fondu sur celles-ci, les forçant à se retirer

En haut les mouches sont de petites ellipses sombres qui en bas à droite deviennent des mouches bleues

Elles sont contemplées par un petit garçon en costume marin qui est le portrait de Dali

Gala a un air sinistre : sa liaison avec le jeune Rotlein aurait-elle sonné le glas de l'affection de son mari ?

Au bas du tableau des ombres suggèrent l'idée d'un animal sauvage qui s'avance

La tête du torero serait formée par les ombres de la Vénus placée au centre : ombres projetées par le côté gauche de sa tête, son sein droit et les pliures qui marquent sa taille

Ces ombres constituent l'orbite gauche du torero, le dessous de son nez, sa bouche et son menton. La courbe de l'arène constitue le pourtour de son chapeau et le drapé vert du vêtement forme sa cravate

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