Ossification matinale du cyprès 1934
Un cheval saute dans l'espace quand deux poteaux s'enfoncent dans l'arbre
L'absence des ailes sur l'animal ne permet pas d'identifier avec certitude le cheval à Pegasus, le cheval ailé mythologique
Pourtant Pégase était lié à la Renommée, en ce qu'ils sont tous deux ailés, ce qui ne pouvait qu'intéresser Dali
Pour Dali le cheval symbolise l'érotisme sans entraves, une libération d'énergie sexuelle refoulée
Le cheval sautant dans l'espace signifie l'évasion de Dali de l'influence de son père
Nous ne devons pas nécessairement rechercher une signification car Dali pouvait renoncer à une cohérence des choses comme dans un rêve, tout comme cela nous arrive lorsque nous dormons
Paysage avec éléments énigmatiques 1934
L'artiste se représente assis au chevalet en train de peindre. La figure assise au chevalet est en costume d'époque et porte un chapeau sur des cheveux longs
Idée inspirée par les Ménines de Velasquez, tableau qui obsédait Dali depuis le temps de ses études à Madrid
Velasquez s'est représenté en train de peindre la jeune infante et ses parents, le roi et la reine d'Espagne
Paysage désertique inspiré de la vallée de l'Ampurdan, vallée qui est en fait un milieu méditerranéen verdoyant mais dans les tableaux de cette période Dali lui donna fréquemment l'aspect d'un désert
Long rideau de cyprès, omniprésents dans la vallée qui entoure Figueras
Une sorte de tour rouge et une structure de pierre blanche qui pourrait être une église
A mi-
A l'arrière-
De tous les peintres surréalistes Dali fut le plus apte à créer un air de mystère et de malaise aussi évocateur du monde du rêve
Moment de transition 1934
Tableau présenté à Paris en juin 1934
Il commençait à jouir de la notoriété qui allait être la sienne pendant toute sa vie
Sur un arrière plan de paysage désertique inspiré par le cap de Creus, une figure féminine isolée, drapée de blanc, erre telle une somnambule
Elle se dirige vers une charrette à cheval à mi-
Image inspirée par le souvenir d'une balade en charrette qu'il fit durant son enfance à l'occasion d'une visite des Dali à la famille du peintre Raymond Pichot, aux environs de Figueras
L'atmosphère renvoie au monde du rêve
Le titre lui-
De façon inhabituelle chez Dali ce tableau a quelque chose de plus romantique que sexuel
Le Sevrage du meuble-
Assise sur la plage de Port Lligat, la gouvernante de Dali, Lucia Gispert de Montcanut, est ici dans la position adoptée par de vieilles raccommodeuses de filet du hameau
Sur ses genoux s'étale un tissu qu'elle reprise peut-
A ses pieds se trouve la table de nuit de l'enfance de Dali
Le peintre a associé la gouvernante et la table à la dépendance de l'enfance, d'où "aliment"
Dans cette peinture Dali est sevré de sa gouvernante et de sa table de nuit de même qu'une petite table de nuit avec une bouteille posée dessus a été "sevrée" de la porte du plus grand meuble qui à son tour a été "sevré" du dos de la gouvernante
La béquille est un accessoire physique nécessaire à qui a perdu une si grande partie de son torse mais elle évoque aussi la vieillesse et l'infirmité qui étaient en rapport avec l'ancienne gouvernante de Dali
Atavisme du crépuscule 1934
Le monde du crépuscule a fourni à Dali des associations le faisant revivre ses promenades d'enfance à la campagne autour de Figueras à la nuit tombante
Ce paysage est riche des fossiles que son père avait collectionnés et à ce moment de la journée les pensées allaient vers les périodes primitives de la vie sur la terre
Comme l'indique l'utilisation du mot "atavisme", les personnes vues ici sont transférées dans le monde de leurs ancêtres lointains par le biais du paysage dur autour d'eux dans lequel ils prient
Dali a transformé l'homme de Millet en une mince roche dans laquelle existe une ouverture
La brouette est équilibrée par la tige qui émerge du bras de la femme et les deux diagonales animent l'image
Une intensité hallucinatoire est obtenue par l'éclairage dur et éloigne l'image du pastoralisme calme émanant de la peinture de Millet
Le spectre du sex-
Le garçonnet en costume marin qui tient un pénis ossifié en bas à droite dépeint
Dali lui-
Comme légende sur une photographie de cette œuvre le peintre a écrit "épouvantail érotique de premier ordre"
Les seins de l'épouvantail sont composés de sacs énormes et des os émergent de diverses parties de son anatomie
Représentation des criques et des rochers du Cap Creus
Le visage de Mae West pouvant être utilisé comme appartement 1935
Cette œuvre, une gouache sur papier journal, atteste l'ingéniosité du peintre dans son emploi des images doubles et composites
Dans les années 1970 cet "appartement" fut créé dans le Musée Dali à Figueras
Le résultat est moins percutant que l'image car la représentation en trois dimensions sacrifie la portée imaginaire de l'image
Le canapé qui figure les lèvres est représenté par un satin d'un rose criard et transmet la séduction piquante de l'original
Image médianimique-
Huile sur panneau de 19 sur 23 cm
Facture minutieuse traitée dans des tons clairs et lumineux
Les ouvriers maçons du premier plan à droite furent exécutés à partir de photgraphies
Il a représenté les deux fils d'une paysanne de Cadaques. Ils disaient avoir trouvé une mine de radium au cap Creus et passaient des nuits à recouvrir les rochers avec des brouettes de cailloux pour dissimuler leur trésor
A gauche la nourrice Lydia et au fond un homme qui s'éloigne en bicyclette
Au premier plan un débris de poterie, d'amphore grecque ou romaine, comme on en trouvait tant dans la mer à quelques brasses du rivage à cette époque
Echo morphologique 1935
Ce tableau explore l'ambiguïté spatiale, thème qui exerça une constante fascination sur lui
Les objets n'ont aucun rapport entre eux, leur présence n'ayant aucune explication rationnelle comme dans le rêve
"L'écho morphologique" est celui que l'on observe entre l'inclinaison de la fillette et celle du rocher de granit percé d'un trou, inclinaison que reprend le mât qui s'avance au premier plan
L'arc surmonté d'une tour d'où il émerge s'élève sans aucune ombre
Placé au milieu de la composition il cache au spectateur une bonne partie de ce qui se passe derrière lui
La petite fille aux bras en l'air évoque un personnage de Chirico. Dali admirait beaucoup les atmosphères troubles et mystérieuses du peintre italien
La simplicité et l'éclairage blafard de la scène, joints à une absurde juxtaposition de figures, d'objets et de constructions placés au hasard créent un climat étrange et onirique
L'Angèlus de Gala 1935
La précision méticuleuse de ce tableau, notamment dans le rendu des vêtements, rappelle Vermeer que Dali étudiant avait profondément admiré
Gala sa muse et épouse est assise sur une brouette face à un tableau pendu au mur
La brouette était l'un des nombreux objets fétiches de l'artiste : selon lui les travailleurs agricoles érotisaient leurs outils de travail
Gala à qui Dali donne habituellement une expression sereine, prend ici un air pincé et désapprobateur
Face à elle, tournant le dos au spectateur, une autre Gala la domine, assise sur un parallélépipède
Elle porte le même chemisier de soie à motifs savants que l'artiste a soigneusement représenté dans le portrait de face
Le tableau au mur est une version revue et corrigée de l'Angélus de Millet, qui figure à plusieurs reprises dans son œuvre
Cette représentation d'un couple de paysans en prière tandis que sonne l'Angélus au coucher du soleil signifie violence et répression sexuelle.
Dans cette version il a peint la femme beaucoup plus grande que l'homme et certains ont interprété ce tableau comme représentant l'angoisse de la domination féminine