L'ECOINCON DE SAINTE FOY


Situé à l'intersection de deux niveaux ce triangle enfonce sa cale entre le toit de l'Ancien Testament et la marche triomphante de l'Eglise. Il unit les fondations aux "Pierres vivantes"

La main de Dieu transmet par ce gest l'Esprit. La main est le symbole de la puissance, c'est le geste sacramentel par excellence.

Mains jointes, Sainte Foy se replie sur elle-même, intériorisan la grâce divine.

Cet écoinçon fait de la foi la pierre angulaire de l'édifice

La question du salut faisait l'objet d'un débat entre les tenants du salut par la foi (Saint Paul) et ceux qui disent que la foi sans les oeuvres est morte (Saint Jacques)

Saint Jérôme adopte le point de vue de Paul en faisant remarquer que les oeuvres sont dues de nature car les païens en font de meilleures que les chrétiens.

L'artiste opère la synthèse des deux théories en plaçant Saint Jacques et Saint Jérôme juste au-dessus de Sainte Foy

Ce panneau met en scène les trois personnages emblématiques de l'insurbornation du temporel au spirituel.

Un empereur reconnaissable à sa couronne

Un antipape à sa tiare

Un roi déchu à son demi-manteau pourpre mais sans couronne. Il baisse piteusement la tête et considère le pied que le diable appuie sur son ventre.

La flexion du genou en position inverse fait allusion à la fausse génuflexion d'Henri IV à Canossa.

L'HERETIQUE


Renversé sur le sol, la bouche écrasée, tenant à la main un livre fermé, l'hérétique ne peut plus proclamer ou prêcher, ni lire ni écrire.

En dessous un démon lui dévore le crâne; allégorie de ces doctrines qui ruinent la foi

En effet le savant qui met l'esprit au service de la négation des mystères et des dogmes constitue le péché irrémissible : l'hérésie

En ce début du XIIIème siècle l'église combat trois hérésies:


LE FAUX MONNAYEUR


A l'intérieur du cylindre que tient le faux monnayeur il y a l'inscription CUNEUS

Ce coin désigne le poinçon qui sert à authentifier le métal précieux mais qui a été utilisé en contrefaçon par le faussaire

Le feu prépare le métal fondu que le démon, penché sur lui, lui relevant la tête en le tenant par la barbe, s'apprête à lui faire ingurgiter

LA QUERELLE DES INVESTITURES


Dans le droit féodal tout seigneur est le vassal de son suzerain. A l'époque les dignitaires ecclésiastiques exercent une juridiction. Le pouvoir spirituel veut affirmer la supériorité de l'autorité divine sur l'autorité civile.

Dans ce conflit la papauté utilisa les moines qui à la différence du clergé séculier ne dépendaient pas du seingneur mais du pape

Au Concile de Clermont en 1095 délia tous les clercs du serment vassalique ce qui dans le cadre féodal constituait une révolution culturelle.

Les empereurs du Saint Empire Romain Germanique voulurent imposer leurs candidats aux postes d'évêques et de pape.

Grégoire VII riposta en excommuniant l'empereur Henri IV qui dut implorer son pardon à genoux dans la neige, pendant trois jours, à Canossa.

LES ANGES


Quatre : chiffre parfait

Comme le carré ou les quatre points cardinaux


Ce quatuor évangélique est porteur de sens

Un ange montre le livre de vie "SIGNATUR", il est achevé terminé

En dessous l'encensoir prolonge la dimension liturgique des anges cérophéraires - porteurs de cierges - aux pieds du Christ en majesté.

Tourné vers les hommes pervers, le gonfalon de la victoire de la vie sur la mort, est renforcé par l'épée de feu et le bouclier où on peut lire "Les anges paraîtront et sépareront les vauriens et les justes"

LES MOINES REPROUVES


La prosternation de l'abbé du monastère est inversée et forcée : le Christ sauveur est derrière lui, au-delà du bouclier de l'ange.

Appuyé sur sa crosse allongée à terre, ce supérieur monastique est contraint de se prosterner devant un grotesque ridicule, difforme et bestial.

Trois autres moines sont pris dans les filets du diable, image parlante contre la fausse dévotion et l'hypocrisie des clercs

Certains ont cru y voir l'évêque de Clermont et trois de ses neuveux connus pour leurs exactions

La narration est secondaire : le tympan oppose au bon gouvernement monastique le mauvais

DADON, SAINT PIERRE ET LA VIERGE MARIE


DADON. Dadon fut le refondateur des ermitages détruits par les sarrasins vers 760. Il est identifié par son vêtement à la mode carolingienne et le bâton d'ermite en forme de "Tau"

Les ermitages faisaient résonner les conques de leurs absides comme des "essaims de ruches sauvages dans la montagne"

En souvenir de ces nombreuses absides ou "Conquae", Louis le Débonnaire donna en 818 ce nom à l'abbaye qu'il fondait.


SAINT PIERRE. Porteur des clé et du bâton pastoral, insigne du chef du troupeau, Saint Pierre, premier pape, représente l'autorité ecclésiale. L'inclination de son bâton indique une direction. Le prolongement de cette ligne aboutit sur la serrure de la porte du Tartare, maintenue ouverte.

Pierre, détenteur des clés du Paradis, a le pouvoir de lier mais aussi de délier.


LA VIERGE MARIE. C'est une femme forte qui conduit la procession des saints, des martyrs, des clercs et des laïcs. Mains jointe, elle intercède pour eux. La pointe des ses doigts jouxte la limite des ondes émanant de son fils.

Qui peut mieux dire qu'elle "Celui-ci est mon corps, Celui-ci est mon sang"

Le cute marial au XIIIème siècle met l'accent sur l'incarnation du divin. La Vierge devient alors la Mère de l'Eglise.

LE CHRIST EN MAJESTE


Central, le Sauveur est assis majestueusement sur un trône car il est roi de gloire. Ce rayonnement de gloire l'environne par cette nuée d'où surgit un ovale caractéristique, identifiant l'état de ressuscité : la mandorle.

Des étoiles l'entourent alors que deux anges portant un cierge - cérophéraires - l'encadrent en-bas, avec deux autres figures angélique au-dessus.

Vêtu d'une longue tunique plissée à l'orientale, le Christ porte autour du cou le pallium : cette écharpe de laine blanche brodée de croix noires, réservée au pape et à certains dignitaires ecclésiastiques.

Son bras droit à la pliure vigoureuse désigne les hauteurs, la main surmontée de la seule étoile à huit branches.

Son bras gauche, souple, présente de face, une main largement ouverte

CHARLEMAGNE ET SES PROTECTEURS


Trois moines tonsurés accompagnent Charlemagne. L'un porte les actes des donations à l'abbaye, attestant de la générosité de l'empereur à l'égard de l'église et de son authentique foi. Le personnage féminin dissimulé par l'empereur rappelle qu'il adultére, intempérant, incestueux. Il a beaucoup à se farie pardonner du point de vue moral mais il figure parmi les bénis car sa foi l'a sauvé.

Le protecteur n'est plus le prince mais l'abbé.

Charlemagne suit humblement le père abbé qui tient la crosse en dedans, signe de son autorité à l'intérieur de l'abbaye.

L'empereur ne porte pas le sceptre surmonté d'un globe terrestre, signe du pouvoir temporel mais un bâton fleuri, symbole du Christ.

Charlemagne est au ciel grâce à l'intervention de saint Jacques qui a déposé dans la balance pierres et bois des basiliques qu'il a construites

Bégon. C'est Charlemagne qui par son testament érigea l'abbaye de Conques en abbaye impériale en 818.

A une époque où la monarchie capétienne éprouve le besoin de se légitimer en rappelant les carolingiens, Bégon, dans le contexte de la Querelle des Investitures revendique la suprématie du pouvoir spirituel sur le temporel. Ne conduit-il pas Charlemagne par la main comme un pénitent subordonné ?

LES PORTEURS DE MESSAGES


Ailes déployées ce quatuor angélique surplombe le cortège des élus

Coifffés à l'identique, les anges déploient leur phylactère en oblique, pliure qui répond aux toitures du registre inférieur


HUMILITAS : l'humilité est nommée au-dessus de la Vierge Marie "petite servante du Seigneur"

La règle monastique de Saint Benoît décrit les douze degrés de cette vertu chrétienne

Effacée, la constance vient en seconde place. C'est l'endurance dans les épreuves et les tentations, la persévérance dans la suite du Christ


CARITAS : l'amour dont Dieu nous aime et dont nous pouvons aimer le prochain précède Foi et Espérance sur le quatrième phylactère

L'Empereur

Le roi déchu

L'ANGE SONNEUR


" Le fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire enverra ses anges. Avec la grande trompe ils rassembleront ses élus ... "

La nuée présente dans la partie supérieure du tympan marque l'inconnaissable du divin. La nuée signifie la gloire de Dieu. Elle guidera la marche du peuple élu à travers le désert vers la terre promise.

Elle annonce le retour de Jésus-Christ, le prince des rois de la terre qui vient avec les nuées.

Sur le vêtement de l'ange on a pu lire "la gloire" écrit en arabe ancien. C'est une trace des artistes arabes qui ont oeuvré tout au long du chemin du pélerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Conques est une étape importante sur la route du pélerinage. Aujourd'hui des maisons accueillent les pélerins et des offices sont organisés le matin pour eux avant le départ de la nouvelle étape.

L'EGLISE EN MARCHE


Nous allons voir maintenant la procession des personnages qui marchent vers le Christ, guidés par la Mère du Sauveur.


Sur le panneau de gauche nous avons quatre personnages :

Marie-Madeleine, la main ouverte sur la poitrine en signe de foi, marchant à contresens, voici qu'elle se retourne. Au moyen âge, Marie-Madeleine fut l'objet d'une vénération intense.

Ses pieds l'entraînent à l'inverse des autres élus, mais son visage et son buste se retournent vers le Christ. Elle ouvre la main droite en signe d'acceptation de la grâce : image de toute conversion.

Sainte Foy. Un ange prend pied sur sa tête et porte une couronne. La couronne récompense une épreuve et garantit la vie éternelle. Elle fait partie du rite médiéval de la consécration des vierges.

Saint Jacques, reconnaissable à l'auréole, la besace et le bâton. C'est par le pas du pélerin que s'implante la foi. Les moines de Conques ont jalonné la route de Compostelle de prieurés, contribuant ainsi à l'essor du pélerinage.

Saint Jérôme. Le culte des reliques et la pratique des pélerinage suscitaient des critiques. Saint Jérôme s'est fait le défenseur des deux pratiques.

En ce qui concerne le Salut, Jérôme opte pour la solution miséricordieuse.

Humaniste et doux de coeur il proclame "Vous ne m'entendrez jamais dire que la nature est mauvaise" et aussi "Le feu du jugement brûlera la paille pour ne garder que le grain"

LL'église a été construite sous le patronage de sainte Foy.

Cette jeune chrétienne martyrisée à Agen en 303 fut vénérée à l'égal de sainte Agnès.

Ses reliques arrivèrent à Conques en 866 et les pélerins affluèrent progressivement.

Le tympan polychrome est une oeuvre unique de la sculpture romane auvergnate. La matière employée est un calcaire de Lunel. Les couleurs d'origines sont encore là en demi-teinte. La photographie les fait mieux ressortire que la vue directe.

Le tympan fut réalisé peu après la mort de l'abbé Bégon en 1107.

Jésus-Christ, Sauveur, est central.

L'ovale qui l'entoure, appelé mandorle, signifie son état de ressuscité, au-delà du temps et de l'histoire humaine : l'Eternel


Le mot "tympan" désigne un tambour, espace intermédiaire entre le dehors et le dedans. C'est l'espace compris entre le linteau et l'archivolte d'un portail.

Nous sommes à l'instant où le Christ, à la Fin des Temps, descend du Ciel et apparaît dans toute sa Gloire. C'est la Parousie. Le Jugement n'est pas encore prononcé. Quel sera le verdict ? Grâce ou condamnation ?

Par la pensée nous faisons comparaître aux assises du tribunal de Dieu le monde contemporain.

L'Enfer et le Paradis existent mais c'est ici bas et dès aujourd'hui que se joue notre destinée.


Pour accomplir leur tâche pastorale, les moines bénédictins de l'abbaye ont choisi le recours à l'image. Par le visible, traduire l'invisible.

D'un côté la Cité céleste déja réalisée sur terre, et de l'autre la Cité terrestre.

LA CROIX DU CHRIST


Le motif de la condamnation se lit en haut de la croix "SREXIDEORUM" : Jésus de Nazareth, roi des Juifs.

La lance, LANCEA, et le clou, CLAVI, sont tenus par deux anges en apesanteur, aux ailes arc-en- ciel.

Le soleil, SOL, et la lune, LUNA, sont personnifiés car une élipse eut lieu le vendredi saint à l'heure de la mort de Jésus.

Ces astres rythment aussi le temps qui est racheté par l'acceptation de la croix.

"La gloire du Christ, c'est sa croix"

"OC SIGNUM CRUCIS ERIT IN CELOCUM" = Ce signe de la croix sera dans le ciel

Matthieu " Alors le signe du fils de l'homme apparaîtra dans le ciel. Tous les peuples de la terre verront le fils de l'homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire"

LE TYMPAN DE CONQUES   Page 1/2

LE MARCHAND DRAPIER ET LILITH


Le pouvoir grandissant de l'argent est lié au développement de la société urbaine et marchande. L'usurier, le prêteur à gage et le marchand drapier, souvent colporteur, ont partie liée par le coeur et par le pied. Assis sur un coupon de tissu, le drapier appuie son pied sur la poitrine de l'usurier. Un démon femelle le caresse.

L'usurier, pendu par les pieds convoite une bourse. On lui fait rendre gorge.

En 1139 le Concile de Latran a condamné l'usure

L'antipape

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