PETRUS  CHRISTUS

Petrus Christus est devenu citoyen de la ville de Bruges le 7 juillet 1444.

On pense qu’il est né vers 1410 et que son père Pierre a pu être son maître.

Son nom de Christus lui viendrait de son talent à peindre des Sainte Face.

Christus était marié ; son fils Bastin devint également peintre.

Il était membre de deux confréries pieuses : celle de Notre Dame de la Neige et celle de Notre Dame de l’Arbre Sec.

Il est mort vers 1475.


La Tête du Christ


La bouche inexpressive, le regard fixe  et lointain accentuent le contraste avec les plis profonds du visage.

L’arc des sourcils répond à la courbe des paupières et aux pommettes hautes.

L’opposition entre les lumières et les ombres contraste avec le blanc des yeux du Christ.

Les trois branches de l’auréole crucifère rayonnent vers le bord de l’image.

La robe sombre et la peau claire du cou et de la poitrine du Christ forment un contraste qui met en évidence la vulnérabilité du corps destiné à souffrir.

Les épines de la couronne font jaillir le sang sur son front et sur ses épaules.

En adoptant un plan rapproché il met le spectateur face à face avec son Sauveur, il fait de l’image de culte une expérience personnelle. La Sainte Face pose la question de la foi chrétienne « Moi, j’ai choisi de souffrir cela pour toi ; et toi, que fais-tu ? »


PLe Portrait d’un Chartreux


Ce portrait séduit par la douceur de son habit blanc qui gonfle jusqu’à remplir l’espace du tableau.

La lumière accentue le lien entre le personnage, l’espace qui l’entoure et le spectateur.

Une mouche posée en trompe-l’œil sur le bord inférieur du cadre cause une petite surprise et rappelle que la peinture est le point qui réunit les réalités matérielles et immatérielles.


Portrait de jeune fille


Vers la fin du 14ème siècle le portraituré était montré de profil ce qui n’exigeait pas le rendu plus difficile du modelé des chairs par l’ombre et la lumière ni celui de la direction du regard.

La nudité du mur accentue la beauté de cette silhouette fascinante.

La mise en page trouve une grande élégance dans le dessin de la coiffure et de son turban, la surface étroite et menue des épaules et du buste.

La matière a la densité, le luisant de la porcelaine et contribue à l’aspect précieux de l’ensemble.

Un morceau de velours noir enserre le pur ovale de la jeune fille faisant ressortir la délicatesse du teint.

Front nu, yeux bridés en amande, dissymétriques, sans sourcils, petite bouche qui fait un peu la moue, menton menu, regard jeté de côté, seule nuance de vie dans un masque qui se cherche impassible.

Le type un peu oriental est bien mis en valeur par le hennin sombre assez court qui encadre la figure.

Ce portrait représente une jeune femme qui semble réellement en communication avec le monde qui l’entoure.

Ses yeux se détournent comme si elle avait été interrompue.

Evocation d’un moment d’exubérance contenue. Nous sentons l’impatience de la jeune femme grâce à la tension picturale ; son regard vif et oblique contraste avec la composition tranquille et carrée.

Le rose des joues et des lèvres, le blond des cheveux entourent d’un cercle de couleur chaude l’ovale du visage.

Dans la lumière intense qui noie la plupart des détails, le personnage ressemble à une perle polie, presque opalescent, posée sur un coussin de velours sombre.

La réaction de la jeune femme à son visiteur supposé confirme l’intention de Christus de nous faire passer de l’observation à la participation.



Portrait d’un jeune homme


L’intérieur paraît raide et artificiel en  regard du jeune homme dont la volumineuse stature est rendue avec un réel sens plastique.

Physionomie vivante du modèle coiffé selon la mode de l’époque.

On remarque le très beau livre d’Heures, le doigt bagué et le fermoir métallique de la bourse pendue à la ceinture.



Le Saint Eloi


Ce tableau nous invite, avec les deux passants du miroir, à comprendre les gestes d’orfèvre de Saint Eloi, il pèse l’anneau, et son regard de pasteur, il encourage le couple à la fidélité.

Le spectateur peut voir l’intérieur d’une boutique d’artisan, y observer l’orfèvre et ses clients et en admirer les trésors.

Ce tableau réunit un portrait, une image de dévotion, un espace intérieur et extérieur.

L’artiste exprime la conviction chrétienne en équilibrant les activités profanes et les valeurs spirituelles qu’il illustre par des objets liturgiques rangés sur les étagères.

Le saint orfèvre qui évalue la pureté des métaux estime aussi celle des âmes.



La vierge à l’Arbre Sec


L’arbre dans lequel Marie porte l’enfant Jésus rappelle l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal qui se dessécha et mourut lors de la chute de l’humanité.

Les branches épineuses qui entourent la vierge comme une couronne d’épines rappellent la mort et le sacrifice du Christ et le tronc d’arbre évoque la croix.

Marie rend la vie à l’arbre mort.

Les « A » annoncent la parole de l’ange à Marie – Ave – par qui le salut de l’homme commencera par qui le salut de l’homme commencera.

Cette prière à la nouvelle Eve renverse la cause de notre damnation : Eva devient Ave.

Marie porte un manteau rouge sang dont l’éclat est relevé par le vert complémentaire de la doublure et le noir du fond.

En représentant Marie comme un bouton de rose dans un arbre mort, ce panneau se réfère aussi à la Confrérie Notre Dame de l’Arbre Sec. Chaque année au cours d’un banquet, les femmes de la confrérie accueillaient les nouveaux membres en les aspergeant de quelques gouttes d’eau de rose. Le parfum de la rose était un symbole marial.


La Lamentation


Ce tableau représente la mort comme une expérience atroce que l’amour et la foi seuls permettent de traverser.

Composition de haute qualité : les quatre bords introduisent l’espace pictural.

Sur le bord gauche Marie-Madeleine agenouillée attire l’attention sur le crâne, les rochers et la base de la croix.

A droite, l’homme aux mains jointes et la femme debout à ses côtés offre un pendant visuel.

En haut, l’étroite bande de ciel qui souligne l’horizon est coupée par la base de la croix et la silhouette de l’unique arbre.

La base nette contraste avec le mouvement souple des draperies qui ondulent de la gauche à la droite.

Marie, évanouie, ancre le centre de la composition.

On a une sensation de plein air et l’impression d’assister à l’évènement dans l’espace même où il se produit.

Le niveau de l’horizon correspond pour nous au niveau de l’œil des personnages debout : nous aussi nous sommes debout sur ce même sol. Le vase, les clous et la tenaille semblent à nos pieds.

Le corps du Christ est posé sur un linceul étendu par Joseph d’Arimathie, Nicodème soulève le corps et le tourne doucement vers nous. La Vierge évanouie est soutenue par saint Jean.

On ne ressent  aucun mouvement véritable, aucune communication. L’action se réduit à des gestes élémentaires qui créent un climat uniforme de dépression et d’angoisse.

On dirait une « nature morte » chargée de nous faire méditer, pleurer et prier.

Le format large du tableau contribue à tasser les personnages, accablés par la fatigue et la détresse.

Personnages nombreux, non serrés en un bloc autour du Christ mais isolés dans le silence d’une méditation personnelle comme s’ils étaient indifférents les uns aux autres.

Rouge foncé très saturé, de beaux blancs, réseau calculé de formes géométriques simples.


a Vierge et l’enfant dans un intérieur gothique


Le réalisme de ce tableau oriente vers la technique de la perspective et de l’illusion optique.

Mais c’est une image de dévotion qui incarne le divin dans la vie quotidienne.

L’orange sur  l’appui de la fenêtre évoque le Paradis perdu mais retrouvé par les nouveaux Adam et Eve que sont le Christ et Marie.

Les lys stylisés sur les panneaux du lit et le jardin clos sont les symboles classiques de la Vierge.

Les symboles sont absorbés dans une atmosphère de genre domestique. La boule de cristal de Jésus apparaît plus comme un jouet que comme le symbole de la souveraineté, le manuscrit apparaît plus comme un élément du décor que comme le symbole du Verbe de Dieu. Il se détache à cause de sa blancheur qui éclate au milieu des couleurs chaudes et sombres.

Christus rend les volumes avec virtuosité. Nous avons l’impression de pénétrer dans la pièce comme des croyants ayant le privilège de contempler le monde privé de la Sainte Famille.

Les tons les plus froids sont réservés aux touches du lumière du fond qui augmentent le recul spatial.

L’enchaînement des plans, l’ouverture latérale des fenêtres, le couloir en enfilade préfigurent Vermeer.



La Nativité


Jésus est couché sur une sorte de patène ; l’enfant du tableau forme la substance même de l’eucharistie.

Joseph vient de retirer son chapeau et va s’agenouiller.

Ce tableau résume le mystère de la messe et réunit la célébration liturgique et l’adoration privée.

Cette Nativité accueille chacun, puissant ou misérable, dans l’universelle bonté de Dieu.



L’Annonciation


Qualité du rapport entre l’intérieur cossu et le paysage grâce à la porte et aux fenêtres ouvertes.

C’est pour respecter ce rapport que la Vierge est peinte d’une manière trop trapue.

Tout spectateur est frappé par la perspective de l’espace intérieur.


La Vierge aux Chartreux


La meilleure partie du tableau est l’effigie du donateur.

La silhouette évoque bien la corpulence et la bure dessine des plis anguleux.

Les éléments du corps sont bien proportionnés.

Très méticuleuse véracité du visage.

L’architecture est peu consistante : les murs font plus songer à un décor de théâtre qu’à une bâtisse réelle et le pavement dessine une perspective trop montante.



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