LES QUATRE SAISONS
En 1859 le père de Cézanne fait l’acquisition du Jas de Bouffan (Maison du vent).
C’était l’ancienne résidence d’été du gouverneur de Provence.
L’année suivante le père de Cézanne autorise son fils, dont la passion pour la peinture va en grandissant à décorer le salon de grandes peintures murales.
Cézanne signe les quatre tableaux du nom d’Ingres, allusion ironique au peintre Ingres peu aimé de Cézanne.
PAIN ET ŒUFS
Ampleur du noir et vigueur de son traitement.
Austérité de certaines natures mortes du Siècle d’or espagnol.
Contours nés parfois d’un pinceau déchargé de matière.
Opposition entre le noir où se noie le bord de la table et les objets puissamment éclairés.
Une des rares œuvres signées et datées. Il ne signait que les toiles destinées à un ami ou à un collectionneur.
LOUIS AUGUSTE CEZANNE, LE PERE
Le journal était d’abord « Le Siècle » en osmose avec les opinions du père. Cézanne lui a substitué « l’Evénement » qui n’était pas autorisé à traiter de matières politiques et sociales. Zola en était le critique d’art.
La verticalité insistante des passages du couteau à palette sur le dossier décompose le motif floral.
La réfraction de la lumière sur le chintz nimbe son père vêtu et chapeauté de noir.
La jambe gauche partiellement masquée par la veste se rattache de façon curieuse au bassin.
PORTRAIT DE MOINE – L’ONCLE DOMINIQUE
Son oncle maternel, Dominique Aubert, huissier, complaisant et patient a souvent posé pour Cézanne.
Matière épaisse travaillée d’un énergique couteau à palette.
Exemple de ce que Cézanne appellera plus tard sa « manière couillarde »
Robe blanche des dominicains pour son oncle Dominique.
Lacordaire a enflammé la jeunesse française en tentant de gagner l’Eglise à la cause républicaine.
Image d’un homme bien en chair qui tente de freiner ses passions grâce à l’habit mais aussi par ses mains qui se croisent dans une sorte de mort du Moi.
Contraste de la chair et de l’esprit : des blancs, des gris et des noirs répondent aux terres rouges des chairs.
Le couteau à palette modèle le relief dans l’épaisseur de la pâte.
Le visage et les mains sont comme trois feuilles surgies d’une même tige : celle de l’axe de la croix.
L’ ENLEVEMENT
Le rapt est l’occasion de combiner deux corps en mouvement dans des actions contraires.
Ici rien n’exprime la contrainte d’un enlèvement.
Petites touches nerveuses et fluides de Delacroix.
Contraste de deux corps violemment éclairés.
L’expressivité du geste prime sur la vraisemblance anatomique.
Le dos de l’homme outrageusement cambré est aussi surdimensionné que le bras inerte de la femme.
CRÂNE ET CHANDELIER
La prédilection de Cézanne pour la peinture au couteau lui vient de Courbet.
Cette œuvre possède un contenu narratif évoquant des symboles du Siècle des Lumières et des processions d’Aix en Provence où les têtes de mort étaient toujours présentes.
Œuvre peinte pour Morstatt, musicien allemand, que Cézanne priait en 1865 de « faire vibrer notre nerf acoustique aux nobles accents de Richard Wagner ».
JEUNE FILLE AU PIANO
Deux femmes plongées dans le rêve intérieur de la musique.
Les deux figures, profil et face, proches de la ligne médiane verticale, partagent un espace unifié (papier peint et ligne horizontale du dossier et de la boiserie).
Les courbes asymétriques du papier apportent un contrepoint à la dominante des droites.
Le fauteuil recouvert de chintz (comme le portrait du père) sert de repoussoir et contribue à l’équilibre des masses.
La gamme chromatique restreinte joue sur l’opposition du blanc et du noir.
Les plis de la robe de la femme cousant, indifférents à la marque du corps, correspondent formellement avec les replis ombreux du chintz.
LA PENDULE NOIRE
Dimension modeste mais monumentalité.
Objets hétérogènes dans leurs formes, surfaces et couleurs.
Le coquillage, un Strombus des Antilles, replie ses formes sensuelles et colorées.
Le linge blanc dont la tripartition et les proportions sont vigoureusement accusées contribue fortement à l’équilibre des verticales et des horizontales.
Palette dominée par l’opposition du noir et du blanc.
Modelé sculptural du linge renforcé par le fondu abstrait du marbre noir de la cheminée.
Nature morte offerte à Zola.
DEJEUNER SUR L’HERBE
Le pique-
Au premier plan, le jeune Cézanne, chauve avant l’âge.
Son esprit soucieux ne se joint pas à la liberté et à la gaieté de ses amis. Il reste à part dans la bande.
L’homme sans femme tranche par sa tenue stricte.
Le jeune Cézanne avait un sens aigu du groupement et la distribution des couleurs donne de l’intensité.
Continuité du nuage horizontal et de la ligne des bois.
ACHILLE EMPERAIRE
Ami peintre de jeunesse aixoise, nain.
Portrait peint dans le salon du jas de Bouffan. Cézanne dispose le si peu homérique Achille frontalement en majesté dans un espace monochrome dépouillé de tout accessoire. Petite taille et jambes chétives soulignées par un meuble bas.
Contraste entre négligé du costume et confort bourgeois du fauteuil.
Goût de la matière épaisse toujours présent.
Main pendante et longs doigts osseux soulignent la faiblesse maladive qui se dégage du personnage.
Même fauteuil que pour le portrait du père.
NEIGE FONDUE A L’ESTAQUE
Le flanc abrupt de la colline divise en deux la toile suivant la diagonale.
A la pente de la colline s’oppose l’immense balaiement horizontal des nuages gris.
Contour sinueux du grand arbre répété dans la route à droite.
La couleur des toits rouges relie le proche et le lointain
Perspective dans la taille des choses qui va en diminuant.
Expression d’une humeur mélancolique.
Le goût pour les noirs, les blancs et les gris froids paraît naturel à l’humeur de Cézanne.
PAYSAGE
Cézanne choisit comme motif un paysage peu spectaculaire : un sentier bordé d’une paroi rocheuse et de pins.
Pourtant avec leur jeu d’ombres et de lumière les coloris riches en contrastes donnent au sujet anodin une force d’expression particulière.
LOUVECIENNES
Ce tableau est une copie d’une œuvre de Pissaro.
En les comparant on distingue la manière de Cézanne.
Composition plus dense et plus réservée chez Cézanne.
Contrastes de tons plus prononcés, les nuages se détachant plus nettement du ciel.
Les couleurs sont plus intenses (le rouge au pied du grand arbre de droite).
Cézanne ne traite que sommairement les trois arbres de gauche alors que Pissaro a pris soin de peindre les détails (feuilles et brindilles).
Quand Pissaro utilise quatre coups de pinceau, Cézanne en utilise un seul, plus long, plus large et plus hardi.
Pissaro préfère les gradations subtiles, Cézanne procède par simplification et intensification.
MAISON ET ARBRE QUARTIER L’HERMITAGE
Cézanne s’est rapproché de la vision naturaliste de Pissaro fondée sur l’observation directe de la nature.
Il délaisse les thèmes mythologiques au profit d’une maison ordinaire.
La toile a été peinte en plein air. La palette s’est éclaircie. La sensibilité à la lumière et à l’atmosphère s’est intensifiée.
LA MAISON DU DOCTEUR GACHET
Importance des liens qui se tisse entre Cézanne et Pissaro.
Parenté dans l’harmonie des tons hivernaux et légèreté de facture.
Ce travail côte à côte contribua à éloigner Cézanne de ses scènes violentes, de sa peinture sombre et macabre.
Œil guidé vers la maison par la diagonale du muret qui borde le chemin.
L’arbre de l’axe médian et la cheminée d’usine équilibrent la composition par leur verticalité dégressive.
Les pignons aveugles des maisons et les toits articulent les plans successifs.
Premier plan vide et tiers de la toile occupé par une route amorçant une courbe, thème cher à Cézanne.
Palette sobre, comparable à celle de Pissaro, constituée de gris et de gris-
LA MAISON DU PENDU
Il n’y jamais eu de pendu décroché.
Une lumière égale, sans contraste, baigne ce paysage d’hiver équilibré.
L’application de couches successives de matière renforce la volumétrie des arbres et des pignons et donne un aspect granuleux.
Paysage vide de toute présence humaine.
Effet de plongée vers le hameau et le lointain atténué par l’harmonie du beige, du blanc et du brun d’intensité égale comme par la limpidité de la lumière.
AUVERS VUE PANORAMIQUE
C’est à Auvers que vécut le docteur Gachet, ami de Pissaro et de Cézanne et qui 15 ans plus tard soignera Van Gogh.
Le paysage s’étend également dans toutes les directions. Univers dispersé qui laisse une grande liberté à l’œil.
Charme résultant de la délicatesse et de la légèreté des éléments. Ton vert aux nuances riches et fraîches. Touches de rouge, bleu et blanc petites et disséminées. Qualité du blanc qui adoucit l’ensemble.
Profondeur créée par l’éloignement d’éléments superposés qui deviennent de plus en plus petits.
Cézanne a sacrifié la solidité et la concentration pour obtenir le charme et la lumière de la couleur.
VUE D’AUVERS SUR OISE
Cézanne éclaircit sa palette au contact de Pissaro.
Il évite de plus en plus les surfaces sombres d’un seul tenant en faveur d’une technique de petites touches.
Une harmonie de couleurs claires crée un ensemble lumineux et serein.
Un groupe de tâches compose le plus immatériel des arbres en fleurs.
UNE MODERNE OLYMPIA
Du 15 avril au 15 mai 1874 dans les ateliers de Nadar, trente artistes exposent librement leurs œuvres.
Le blanc vaporeux et le rose de la chair contrastent avec la redingote noire.
Cette large plage de tons clairs est aussi source de lumière (ombre du chapeau).
La critique s’indigne de ce «rêve de célibataire». Tableau accroché aux côtés du berceau de Berthe Morisot.
La présence du personnage masculin rend explicite la dimension érotique.
L’APRES MIDI A NAPLES
Provocateur ce tableau représente un couple nu auquel une servante exotique vient d’apporter un philtre d’amour
Intention manifeste de choquer pour récuser l’idée que l’art d’un grand peintre se doit d’être toujours de bon goût
Considéré comme un outrage aux bonnes mœurs il était un affront au public et au Salon qui refusait les tableaux au contenu si manifeste
LA MER A L’ESTAQUE
Le point de vue choisi souligne l’un des profils de l’Estaque. Maisons et jardins, mer et ciel se déploient à parts égales de part et d’autre d’une diagonale
Au-
Au premier plan, petites touches variant de direction ce qui diversifie l’animation du feuillage
Dans ce paysage Cézanne se montre encore soucieux de définir les formes. Dans l’avenir, les paysages seront plus synthétiques
VICTOR CHOQUET
Premier grand collectionneur de Cézanne, fils d’une famille aisée de filateurs lillois, il occupe un poste modeste au ministère des Finances
Volumétrie générale du crâne amplifiée par la chevelure ample rejetée en arrière comme la pointe aiguë du crâne
Le trois quart accuse le caractère émacié du long visage
Le réseau de touches et l’intensité chromatique des tons de la chair donne de l’énergie au portrait
MADAME CEZANNE
La tête et la colonne vertébrale d’Hortense sont aussi décalées que le fauteuil par rapport à l’axe médian vertical du tableau à la différence de la jupe rayée
Visage d’Hortense modelé par des ombres colorées en vert
La verticalité géométrique de la zone du nez prolonge le réseau des rayures de la robe
Le papier peint se retrouve dans plusieurs natures mortes mais Cézanne en modifie le dessin et la couleur en fonction de chaque toile
Fluidité des rayures de la robe proche de l’aquarelle
BAIGNEUSES
Cézanne veut représenter dans un paysage des personnages sortis de son imagination
Il renonce à individualiser ses personnages : ce qui lui importe c’est l’harmonie picturale entre figure et paysage et non la forme humaine prise séparément
Les distorsions des formes vont influer les fauves
BASSIN DU JAS DE BOUFFAN
Une matière légère, largement diluée, brouille la transparence de ce ciel d’hiver
La construction géométrique du paysage autour d’un axe médian est inhabituelle chez Cézanne qui privilégie plutôt une construction autour d’un vide central
Cézanne élague pour faire rimer simplicité et force. Il émane de ce paysage une sorte de fixité hypnotique et austère
La délimitation en quatre parties limite l’effet d’une perspective bridée au premier plan
Le reflet sans miroitement est assujetti à la volonté de mettre en valeur la planéité de la toile
GOLFE DE MARSEILLE VU DE L’ESTAQUE
Cézanne remonte la ligne d’horizon pour donner plus de profondeur à la vue panoramique
La mer se résume en un large pan de bleu. Menues traces du passage horizontal du pinceau. Cette surface plate verticale concentre la sensation
Rochers et végétaux du premier plan illustrent la notion de «touche constructive» : la couleur est posée sur un fond en une série de multiples couches directionnelles
Les volumes de l’arbre ne sont pas donnés par l’alternance d’ombre et de lumière sur une forme préalablement dessinée mais par la combinaison des couleurs
LE PONT DE MAINCY
Force suggestive de touches très variées. L’angle supérieur gauche est parcouru de
formes sommaires et dynamiques sur un fond abstrait tandis que l’eau dormante est
sous-
Cézanne nous transmet la qualité d’un lieu et d’un moment Epanouissement d’une sensualité retrouvée
Deux troncs dénudés donnent de la profondeur. Le bosquet de droite équilibre ces deux verticales et la rectitude horizontale des lignes du pont
Deux longs traits noirs dans la partie supérieure unifient cette surface
LE CHATEAU DE MEDAN
La couleur fondée sur une harmonie intense de terre et de vert joue un rôle essentiel dans l’unité de l’ensemble et dans l’étagement des plans
Cézanne varie l’orientation et l’accentuation de ses touches en fonction des différentes zones horizontales dans le reflet de la Seine, diagonales sur la rive
Deux édifices encadrent de leur masse les petites maisons du village
LA SEINE A BERCY
Cézanne procède par touches larges et disposées selon une répartition régulière
Au sol elles sont horizontales, obliques sur le tas de sable, verticales le long des arbres et de la façade d’une maison, horizontales à nouveau pour la surface du fleuve
Dans le ciel elles s’organisent par hachures obliques et courbes concentriques pour suggérer les masses des nuages et l’éclat du ciel
Cézanne veut une peinture vraie : des touches verticales pour des arbres dont la fonction est de s’élever ; les touches obliques du tas de sable pyramidal suggèrent son élévation par opposition à l’horizontalité de la berge et de l’eau
LA ROUTE TOURNANTE
Les maisons se réduisent à des volumes géométriques dont on ne perçoit que des fragments posés de guingois
Zone lisse au centre entourée par deux parties plus mouvementées. A gauche un chaos de touches sommaires sur le crépi blanc d’une maison. A droite un réseau de touches menues brouille la définition des formes en jouant sur la transparence
Cézanne affectionne le motif de la route tournante. Il suggère la profondeur et engage le village dans un mouvement de rotation descendant
Opposition du blanc et du noir pour la seule façade ayant porte et fenêtres
LE MOULIN SUR LA COULEUVRE A PONTOISE
Ce tableau manifeste une énergie produite par des rangées parallèles de coups de pinceau colorés, notamment dans les feuillages
LA VALLEE DE RIAUX
Les lignes du toit des deux bâtisses ne partagent pas le même point de fuite ce qui rend leur indépendance aux volumes
Le point de vue en contrebas renforce leur importance
La masse de la maison se détache avec une force accusée par la réduction des dimensions des portes et fenêtres
La lumière intense de la Provence tend ici à adoucir et à unifier les tons
Cette maison était considérée comme la maison natale du sculpteur Puget.
PORTRAIT DE L’ARTISTE
Plus de trente autoportraits indiquent une continuelle préoccupation de soi
Œil droit intense, front proéminent, barbe et bouche enfouies dans le buste
Le motif à losanges entoure et glorifie la tête chauve d’une auréole étoilée
Caractère enveloppant de ce motif confirmé par l’omission des lignes décoratives qui devraient rencontrer la tête et passer derrière elle
Cette forme en zig-
Les petits losanges étoilés semblent correspondrent aux yeux et au nez
Un œil assombri et perdu dans le lointain, l’autre vif et ouvert à la lumière
COMPOTIER, VERRE ET POMMES
Au premier plan une tâche sombre lie les éléments verticaux à la base horizontale
Chaque couleur se déploie dans une lente progression de la lumière à l’ombre
Objets cernés de lignes sombres ( cette nature morte appartenait à Gauguin qui l’admirait )
L’élipse du compotier est plus plate en bas, plus cintrée en haut, contrairement à la perspective
Une ligne autour des six pommes de la nappe décrirait la même élipse que celle du compotier
PORTRAIT DE CEZANNE
Cézanne disait : « Je cherche à rendre la perspective uniquement par la couleur »
Les couleurs chaudes, les orangés donnent l’impression d’être légèrement plus proches que les couleurs froides telles que le bleu
Cézanne s’habille en bleu et se place devant des boiseries orangées
Il inverse l’ordre des couleurs et la conséquence c’est que les boiseries s’imbriquent dans son personnage
LES TROIS BAIGNEUSES
Ce tableau est caractéristique de la manière de Cézanne. Quand d’autres (Renoir et Pissaro) traitent un thème en un fourmillement de lichettes, Cézanne utilise des vecteurs convergents.
Il veut ordonner la complexité des formes
Au lieu de virgules, il pose de petits traits parallèles qui se chevauchent comme le feuillage des schistes pour créer dans chaque masse un effet d’orientation
MONTAGNE SAINTE-
Le nom de la montagne daterait de la victoire de Marius sur les barbares
Les fûts fermement dessinés des pins contrastent avec la délicatesse des plans vagues de la plaine où la touche ne fait que suggérer l’identité des éléments
Chaque partie du paysage possède son propre rythme mais l’unité de l’ensemble est garantie par une couleur claire et lumineuse
Grandeur calme et apaisée. Cézanne fait prévaloir l’atemporalité du paysage provençal sur sa modernité
MEDAN ALLEE DU CHATEAU
Ce tableau a le charme et la solennité d’une cathédrale de couleurs
Une symphonie de bleus, de verts et d’oranges
Cézanne écrit : « Au fur et à mesure que l’on peint on dessine ; plus la couleur s’harmonise, plus le dessin se précise. Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude. Le contraste et les rapports de tons , voilà le secret du dessin et du modelé »
GARDANNE
Cadrage horizontal, réduisant ainsi l’accent vertical du bourg massé sur la pente autour de l’église
Cézanne déstabilise l’assise des édifices de la partie gauche (façades ou lignes de toits) pour ne pas figer ce qui pourrait n’être qu’un empilement de volumes
Le bleu du ciel se renforce au contact des toits et se retrouve dans la maison de gauche
Les accords intenses d’ocre et de vert, des tuiles et des arbres, jouent un rôle dans la perception de l’espace
LA SAINTE-
Par ses plans verticaux et obliques, la maison ressemble à la montagne
Ce qui est de la maison de l’homme semble abstrait et comme situé hors du temps, alors que ce qui est naturel montre de nombreux signes d’usure marquant une progression vers le vivant qui se termine dans les silhouettes géométriques des arbres
Les formes droites ont des couleurs chaudes, les montagnes moins régulières des couleurs froides
Le groupe d’arbres isole la maison du reste du paysage
L’arbre s’élève de la cheminée comme s’il faisait partie de la maison ; un axe unissant la maison et la montagne
Deux arbres superposés pour donner l’impression d’un seul arbre masquent la jointure des deux murs ; cela renforce l’horizontalité de la maison
La porte et la fenêtre tracent une ligne légèrement oblique avec la cheminée et l’arbre
au-
LA MER A L’ESTAQUE
La composition est ici clairement établie par une horizontale et une oblique se rejoignant à l’extérieur droit du tableau
Les quatre plans du paysage s’étagent plutôt qu’ils ne creusent un espace qui n’est pas construit selon le système perspectif classique
Le regard pénètre le tableau attiré par les lignes fortes qui émergent d’un premier plan foisonnant.
La matière empâtée contraste avec une mer plus fluide.
L’élévation de la ligne d’horizon favorise la frontalité de l’ensemble.
Notre regard se noie dans la couleur. Le plein midi est rendu par des rapports de couleur, non par un fort éclat chromatique.
MADAME CEZANNE CHEVEUX DENOUES
Le modèle nous apparaît très humain malgré l’ovale du visage, les yeux et les lèvres vagues, les tons froids
Remarquable rapport des teintes chaudes et froides du visage à celles du mur plus gris
Tendre image d’un sentiment ascétique : Cézanne a donné à sa femme sa propre timidité
L’inclinaison de la tête est caractéristique de soumission comme dans les anciennes représentations des saints faisant pénitence en priant
Emprisonnement marqué du corps par le corsage à longues bandes et les cheveux épars tombant sur les épaules
Le beau pourtour du visage correspond à la délicatesse des tons de la chair
La tâche verticale au-
NATURE MORTE A LA COMMODE
Contraste du clair et du sombre prononcé dans l’opposition des objets du premier plan et de la commode
Mais progrès en clarté par rapport aux natures mortes antérieures
Arrangement compact : objets serrés autour des fruits, table et commode de face
Centrage des tons intenses (rouges et jaunes des pommes) entre les masses de la cruche verte et le sommet de la nappe
La grande nappe est un monde complexe de droites et de courbes
La nappe fait un contraste puissant : c’est un élément de désordre mais assimilé par ses couleurs et le travers du grand plat déformé
Aplatissement horizontal des élipses des vases
CEZANNE A LA PALETTE
Autoportrait impersonnel, visage et yeux inachevés
Le rectangle de la toile se répercute dans tout ce qu’il renferme : la tête et le corps tendent au rectangle et sont encadrés par le chevalet et la palette
Couleurs de la tête proche des tons du chevalet et de la palette
Continuité du bord vertical de la palette et de la manche qui semble former un seul corps parallèle au cadre
Concentré sur sa toile, Cézanne est absorbé dans le monde fermé de sa propre activité
La palette rattachée au corps crée une barrière contre le monde extérieur
La palette, la tête, le corps et le chevalet sont des motifs de stabilité accordés au rectangle de la toile, surface plane fermée
Couleur sévère dominée par les bleus noirs du costume et de la barbe
MARRONNIERS AU JAS DE BOUFFAN
Effet de calme noble sans dominance marquée de lignes horizontales
Le repos résulte de rapports dans les couleurs et les formes
Le point de vue offre le minimum de jeu à la perspective ce qui réduit la tension de la profondeur
Le pic de la montagne qui pourrait être un point de convergence est caché par deux arbres
Les deux rangées d’arbres sont vues comme un écran parallèle au plan de la toile
L’isolement des objets ajoute au calme dominant
Troncs d’arbres fermes mais sans la rigidité d’une colonnade
Beau dessin des formes gracieuses des branchages sans répétition ennuyeuse
A la base, tapis de vert dont les nombreux tons s’opposent au violet grisé et au brun des arbres verticaux
MONTAGNE SAINTE VICTOIRE AU GRAND PIN
Cézanne identifie cette montagne comme les anciens à une montagne sainte sur laquelle ils plaçaient la demeure d’un dieu
La toile large rend la grandeur caractéristique du site
Le pic, bien que serein, est traversé de formes mouvementées
Dualité de l’arbre vertical rigide et de ses branches étendues et flexibles
Grande profondeur bâtie sur de larges assises
La diagonale du premier plan, prolongée par une branche basse, nous conduit vers le côté où la pente de la montagne commence
La courbe de l’arbre devient perpendiculaire au versant de la montagne quand elle atteint l’horizon
MADAME CEZANNE
Un portrait aux volumes simplifiés, aux traits peu marqués
L’œil creux, la bouche serrée, l’ovale allongé, l’impassibilité du visage et les bandeaux réguliers des cheveux composent une image grave et mystérieuse.
LE JAS DE BOUFFAN
De 1859 à 1899, le Jas de Bouffan à deux kilomètres du centre d’Aix fût le centre de la vie familiale des Cézanne.
Le peintre y décora le grand salon des quatre saisons et cette demeure était sa retraite préférée.
Les grands arbres du parc et l’allée de marronniers sont des motifs souvent repris.
La volumineuse bâtisse avec ses multiples fenêtres aux volets bleus apparaît plus rarement dans sa peinture. C’était l’ancienne résidence de campagne du gouverneur de Provence.
L’ESTAQUE
C’est dans ce petit village situé aux alentours de Marseille que Cézanne s’est enfui en 1870 pour échapper à la mobilisation et garder secrète sa liaison avec Hortense Fiquet.
Il est séduit par la lumière, l’ordonnance du paysage et la luxuriance de la végétation. Renoir l’y rejoindra ainsi que Monet. Il fera connaître la lumière méditerranéenne à des artistes plus habitués à fréquenter la côte normande.
L’AQUEDUC
L’espace étroit du premier plan est constitué de grandes tâches vertes et oranges
Tout de suite derrière, un groupe de pins masquent de leur verdure presque tout le ciel. A travers eux transparaît le paysage de l’arrière plan : les arches de l’aqueduc, la plaine, le massif de la Sainte Victoire.
Cézanne estompe les différences objectives entre les plans spatiaux
De larges touches vertes modifient le sommet des pins. Au centre de la toile, le tronc des arbres s’imprègne du ton bleu violet de la montagne qui en fait se trouve à une énorme distance comme si des touches d’air restaient emprisonnées dans le labyrinthe des
CINQ BAIGNEUSES
L’aspect grotesque et lourd des figures est lié à la complexité des sentiments que l’artiste éprouve envers les femmes.
Ces étranges images évoquent peut-