SAINTE CATHERINE
Histoire de Sainte Catherine
Le texte de l'histoire de Sainte Catherine s'inspire de la "Légende dorée" du moine italien et archevêque de Gênes, Jacques de Voragine
De sang royal, "née dans la pourpre", réputée pour sa beauté, son intelligence et sa culture, sainte Catherine faisait l'objet d'une vénération particulière des princes de la Maison de Valois
Sainte Catherine dans son studio
A travers une double arcade nous voyons Catherine occupée à lire dans son studio ce qui souligne le thème de son érudition
Les motifs linéaires du sol carrelé conduisent l'oeil vers la profondeur de la chapelle adjacente
La grande fenêtre ajourée et l'autel suggèrent qu'il s'agit d'un bâtiment ecclésiastique mais la statue de Moïse tenant les Tables de la Loi laisse penser que ce n'est pas le cas
Sainte Catherine se concentre avec un calme imposant sur un livre ouvert sur un lutrin dont le texte n'est pas visible
A droite, venant contrebalancer la figure de la sainte, un grand guéridon à deux plateaux supporte de nombreux volumes
L'image veut établir une équivalence entre la sainte et la connaissance
Une autre statue de Moïse , la tête ornée de cornes, occupe le sommet du guéridon : il symbolise la parole écrite
Il reçut les Dix Commandements sur le mont Sinaï où la dépouille de Catherine fut transportée
A une époque troublée, on l'estimait aussi pour ses qualités exceptionnelles de meneur d'hommes et il servait de modèle aux souverains
Le rouge écarlate des voûtes donne une note de vivacité à cet intérieur monochrome mais empli de dignité
Le long cou élégant de Catherine, ses épaules tombantes et son regard contemplatif dirigé vers le bas, de même que les tonalités froides de sa robe blanche et de son manteau bleu, contribuent à la sérénité concentrée de la scène
Sainte Catherine refusant d'adorer l'idole
La double arcade de l'enluminure précédente, avec sa colonnette centrale, est rappelée par la colonne supportant l'idole dorée, qui divise la composition en deux et sépare l'idolâtrie de la vraie foi
L'horizon est relativement haut; le paysage se réduit à un plan peint de vert et le ciel est remplacé par un motif mosaïqué ce qui permet de se concentrer davantage sur le drame
Catherine tient un texte sacré à la main et se détourne de l'idole
L'empereur romain Maxence agrippe fermement son épée mais le regard qu'il jette en arrière vers son conseiller trahit son incertitude
Sainte Catherine confondant les docteurs
Prenant conscience qu'il ne pouvait rivaliser avec la sagesse de Catherine, Maxence convoqua tous les grammairiens et rhéteurs et leur promettant d'immenses récompenses s'ils triomphaient par leurs raisonnements de la vierge argumentatrice
Mais "ne trouvant quoi répondre ils devinrent totalement muets"
La figure monumentale de Catherine vue en contre plongée, séparée du groupe des païens par les limites du trône, affirme picturalement l'autorité de la sainte
C'est elle qui est assise sur le trône alors que l'empereur reste debout
Les sages assis devant elle lui lancent des regards muets d'admiration
Lorsque rendu fou de rage par leur conversion, Maxence les fit brûler vifs, "ils rendirent leur âme au Seigneur, sans que leurs cheveux ni leurs vêtements fussent aucunement atteints par le feu"
Un vieillard stupéfait qui de la main protège son visage de la fumée tisonne le feu en signe d'incrédulité afin de vérifier si ce que voient ses yeux correspond bien à la réalité
Sainte Catherine jetée en prison
Après s'être rendu compte qu'il était incapable d'ébranler la foi de Catherine, Maxence la fit emprisonner
Un serviteur brandissant une verge pousse la sainte à travers une porte si basse qu'elle est contrainte de se plier en deux pour la franchir
Les incohérences d'échelle proviennent de la convention consistant à montrer les édifices dans leur totalité
La structure de l'édifice que l'on voit ici sert de contrepoids à Maxence qui pointe son épée vers le ciel et aux courtisans massés derrière lui
Un message agenouillé, dont la contorsion des jambes est anatomiquement impossible, tend un message scellé à l'empereur qui "pour certaines affaires urgentes, dut quitter la région"
Les principaux personnages dans ce cycle pictural sont représentés en pied et isolés par les couleurs contrastantes de leurs volumineux vêtements
Le rose, le jaune tendre, le bleu profond et le vert pâle dominent la palette
Sainte Catherine attachée à une colonne
Déshabillée jusqu'à la taille, Catherine est attachée à une colonne par deux serviteurs qui lèvent les genoux, de manière à renforcer la prise des liens
Le châtiment est évoqué avec beaucoup de pudeur
Analogie avec la scène de la flagellation du Christ
Présence autour de la tête de la sainte d'une auréole dont elle n'est pas gratifiée de manière constante au long du cycle
La posture très droite de Catherine et son stoïcisme contrastent avec l'agitation de ses bourreaux
Son ventre arrondi reflète plus l'idéal nordique de beauté féminine que la fécondité
Mais selon La Légende Dorée, Catherine fut sévèrement frappée à coups de crocs de fer avant d'être jetée en prison
Sainte Catherine soignée par les anges
L'impératrice Faustine, épouse de Maxence, persuade le chef des gardes de l'introduire dans la cellule de sainte Catherine
Elle y contemple un groupe d'anges appliquant des baumes sur les blessures de la vierge
Les nuances de blanc et de rose léger qui servent à décrire la chair pâle de la sainte soulignent sa pureté
Le gardien qui tient les clés de la prison exprime de son côté un respect mêlé de crainte
Après un long entretien avec sainte Catherine qui lui prêche les récompenses éternelles de la foi, l'impératrice Faustine se convertit au christianisme
L'intimité de la scène est renforcée par le point de vue rapproché qui élimine la partie inférieure de l'édifice
La décapitation de l'impératrice Faustine
L'impératrice ne révéla sa conversion qu'après avoir vu les anges détruire les roues entourées de lames dont l'empereur avait décidé de se servir pour déchiqueter Catherine
Furieux de cette conversion il donna l'ordre d'arracher la poitrine de son épouse, aspect du supplice délicatement omis ici, et la fit ensuite décapiter
La scène de décapitation se déroule sur un tapis de verdure orné en son milieu d'un affleurement rocheux qui masque en partie un édifice à tourelles situé à l'arrière plan
L'impératrice vient de déposer sa couronne sur le sol, tandis que le bourreau lève son sabre avant de l'exécuter
Assis sur son trône Maxence assiste à l 'évènement imminent avec une impassibilité quelque peu incongrue
Le sabre du bourreau et le bras gauche de l'impératrice tracent les extrémités d'un grand arc unifiant le centre de la composition
Les courbes opposées de leurs corps respectifs accroissent la tension dramatique de la scène
L'affleurement rocheux et l'édifice contrebalancent le trône massif de Maxence
Le bleu vif, le jaune tendre, le rose et le mauve des costumes égaient les figures, face aux verts assourdis du décor
Les anges détruisant les roues du martyre
On conseille à Maxence, fou de rage, de torturer la sainte récalcitrante au moyen de "quatre roues entourées de scies de fer et de clous très pointus" qui deviendront par la suite son attribut
Vêtue d'habits royaux, elle prie le Seigneur visible dans les cieux, de la faire échapper à ces roues meurtrières
Trois anges se préparent à les détruire non pas avec les traditionnelles épées mais
avec des marteaux à pied-
Trois païens sont ici tués avant que les roues soient réduites en morceaux
Le sol vert-
La décapitation de Porphyre
Porphyre, le chef des gardes de l'empereur, a fait ensevelir en secret le corps de l'impératrice
Maxence soupçonne cependant le bourreau d'être responsable de cet acte et donne l'ordre de le soumettre à la torture ce qui incite Porphyre à reconnaître sa culpabilité et à avouer sa propre conversion ce qui pousse Maxence à ordonner de nouvelles exécutions
Le bourreau, son sabre brandi en l'air, et l'affleurement montagneux situé derrière son dos font contrepoids à Maxence et à ses courtisans rassemblés derrière lui
Au premier plan les cadavres s'amoncellent, des têtes coupées jonchent le sol et le sang couleur rouge profond coule à flots
Maxence qui se sent trahi par le chef de sa garde en qui il avait confiance et par ses soldats grimace de douleur et déchire son vêtement en signe de souffrance
Les émotions sont décrites de manière poignante
La décapitation de sainte Catherine
Parvenu à la conclusion que rien ne pourra contraindre Catherine à renoncer à sa foi, Maxence ordonne son exécution
Le bourreau semble le même que pour l'exécution de Porphyre
Nous retrouvons le procédé consistant à contrebalancer un groupe de personnages par une figure unique placée face à un affleurement rocheux pointu
L'équilibre de la composition donne du poids à l'irrévocabilité de l'acte représenté
De manière naturaliste la chevelure de la sainte retombe devant son visage, dévoilant sa nuque
Le bourreau a attaché en arrière-
Son sabre forme une courbe parallèle à la silhouette de la montagne située dans son dos
La torsion donnée au corps du bourreau lui confère un puissant dynamisme
Le regard déterminé de Maxence trouve une contrepartie dans celui plus compatissant du courtisan placé à sa gauche dont le geste semble indiquer qu'il s'adresse à l'empereur avec appréhension
Subtilité des gradations de tons verts et jaunes qui émaillent le paysage
Les anges transportant le corps de sainte Catherine sur le mont Sinaï
Quatre cimes rocheuses servent à décrire l'aride désert montagneux du Sinaï. On aperçoit, niché entre deux pics, un édifice massif en larges pierres grises
Un chemin de terre conduit à ce bâtiment monastique dont un moine ou un ermite, assis et vêtu d'une robe de bure marron à capuche, garde la porte
A gauche un groupe de pèlerins coiffés de chapeau à larges bord se dirige vers le monastère et disparaît derrière une montagne
Les anges voletant portent leur précieux fardeau
L'enluminure décrit l'aspect réel du monastère Sainte Catherine du mont Sinaï
L'artiste a pu s'inspirer pour sa composition de descriptions orales ou de dessins
Le comte d'Eu, gendre du duc, s'était rendu au monastère
Il s'agit peut-